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samedi 21 novembre 2009

mercredi 18 novembre 2009 Faucheurs d'OGM rejugés : « Des procès utiles »

Marie-Édith Auger est assistante maternelle à Talmont-Saint-Hilaire, en Vendée. Elle lutte depuis plusieurs années contre l'arrivée en France des OGM. « Alors qu'on subventionne l'agriculture intensive, c'est aussi au citoyen de dire : « Je n'en veux pas ». »
Marie-Édith Auger est rejugée en appel, à partir d'aujourd'hui, pour avoir fauché du maïs OGM en 2007. Un nouvel épisode judiciaire pour cette Vendéenne aux convictions affirmées.

Entre guillemets


La valse des tribunaux. « Ça ne m'embête pas. Je dois me rendre à Versailles pour ce nouveau procès (lire ci-dessous), après avoir été relaxée par le tribunal de Chartres en juin 2008. Entre-temps, j'ai été condamnée à un mois de prison avec sursis et 90 € d'amende, à Toulouse, pour destruction de maïs OGM en Haute-Garonne, en 2006. »



Un beau procès. « Le procès de Chartres était un très beau procès. Monsanto faisait plutôt pâle figure à ce moment-là, après la parution du livre et la diffusion du film Le monde selon Monsanto, de Marie-Monique Robin. De notre côté, nous étions très complémentaires, issus de toutes les couches sociales, arrivés à une somme de connaissances qui a fait qu'on était pointus. On a eu des très bons avocats. Le juge a été excellent. Même le procureur n'a pas été acide, il savait qu'on n'était pas des délinquants. »



Gardes à vue. « Avec plusieurs femmes, j'ai été entendue dans une brigade de gendarmerie, à côté de Chartres. Les gendarmes ont été tout à fait corrects, ils nous ont écoutées, j'ose même dire qu'ils nous comprenaient. Pour d'autres, les gardes à vue ont été plus difficiles, plus tendues. »



Le passage à l'acte. « Il y a eu la première mise en examen de José Bové. On était devant une injustice flagrante. Je me suis dit : « Ce gars-là risque la prison pour le bien commun. Je dois être capable de le faire aussi. » Ce n'est rien d'autre que de la désobéissance civile, des actes non-violents à visage découvert, accompagnés d'une revendication claire. Ces procès sont utiles et formateurs. Ils nous font grandir. Si on n'a pas d'OGM aujourd'hui, si la clause de sauvegarde a été instituée en 2008, c'est bien grâce aux faucheurs. »



La raison de la colère. « Il est inconcevable qu'un petit groupe de firmes soit maître de l'alimentation, sous prétexte de brevets, pendant que les petits paysans crèvent, et que tout cela a des conséquences sur l'environnement. En Espagne, les agriculteurs bio ne peuvent plus faire de maïs bio, à cause de la contamination. Au Mexique non plus. C'est phénoménal. »



Convictions précoces. « Mon père était métayer dans une petite ferme. Je suis la dixième d'une famille de douze enfants. On a appris le respect de la nature. Je n'en fais pas une affaire personnelle mais collective, planétaire. Les gens ont du bon sens ; ils voient bien qu'il y a un problème. »



La famille. « Elle me soutient sans problème. Parfois, mes proches ont peur pour moi. Mais ils savent que ce combat est juste. Vous savez, je suis grand-mère depuis un an. Je fais appel à tous les grands-parents : ils ne risquent pas grand-chose à s'engager. Ils sont aussi responsables de l'état actuel des choses ; il faudrait donc qu'ils se bougent pour les futures générations. »

Benoît GUÉRIN.

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