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lundi 5 octobre 2009

CHIAPAS : PROJETS TOURISTIQUES ET RÉACTIVATION DE LA "GUERRA SUCIA"

Chiapas. communauté tzeltale de Jotolá, 18 septembre 2009.
Ricardo LagunesGasca, avocat membre du centre chiapanèque des droits humains "Fray Ba",est pris en embuscade par une soixantaine de membres de l'organisationparamilitaire « OPDDIC », alliée au gouvernement chiapanèque, au sortird'une réunion locale pour la libération de deux prisonniers politiques dela communauté. S'il fut rescapé de peu par des paysans du village, ce futau prix d'un blessé par balles et d'intimidations armées des habitants,avec le soutien tacite des forces de police de l'État du Chiapas. Communauté tzotzile de Mitzitón, 21 juillet 2009. Une commissionvillageoise déléguée pour vérifier l'un des terrains de la communautémenacée d'être spoliée par le gouvernement est attaquée par un groupeparamilitaire local, "l'armée de Dieu". Une personne meurt dansl'affrontement, cinq autres sont très gravement blessées. Communauté tzeltale de San Sebastián Bachajón, avril 2009. Huit paysansinvestis dans les commissions de justice de l'ejido sont arrêtés etaccusés d'attaquer et détrousser les véhicules de la route San Cristóbalde las Casas - Ocosingo. Le montage policier apparait vite au grand jour,les paysans arrêtés ayant par le passé régulièrement amené auxjuridictions locales des assaillants de voitures, systématiquementrelâchés par les autorités étatiques chiapanèques. En réponse auxprotestations demandant leur libération, les forces de police de l'Étatprennent le contrôle d'un petit poste touristique et d'une carrière desable gérés par les habitants de l'ejido. Tous ces faits ont en commun d'être liés à la résistance de cescommunautés contre la construction d'une autoroute entre San Cristóbal delas Casas et Palenque (principales destinations touristiques du Chiapas),infrastructure majeure pour le développement du futur projet touristiquede "Centre intégralement planifié Agua Azul-Palenque" qui prévoit laconstruction de plusieurs milliers de chambres d'hôtel dans cette région. Aujourd'hui comme hier déjà, avec le cycle d'expulsion de communautés etde militarisation de la réserve naturelle des Montes Azules, l'enjeu pourles gouvernements du Mexique et du Chiapas, est de reprendre le contrôlede ces territoires indiens et de faire place nette afin d'attirer lesinvestissements internationaux dans la région. Malheureusement pour eux,les terres nécessaires à ce projet et à la construction de l'autoroutesont toujours sous le contrôle collectif de communautés indiennes refusantmajoritairement la parcellisation et la reconversion de leurs ejidos enpropriété privée ainsi que le passage de l'autoroute au milieu de leursterritoires. Par ailleurs, les communautés attenantes aux cascadestouristiques refusent catégoriquement d'en être dépossédées au profit depropriétaires et d'investisseurs privés. Face à cela, et ne pouvant se permettre d'intervenir militairement demanière franche et ouverte au risque d'un embrasement généralisé, lesautorités mexicaines et chiapanèques misent de nouveau sur la stratégie dela "guerre sale" pour mettre fin aux résistances : ainsi, dans toutes cescommunautés, des groupes indiens minoritaires liés aux autorités se voientpromettre la concession de futurs commerces lucratifs en bordure du tracéde l'autoroute ainsi que l'impunité totale quant aux exactions violentesqu'ils pourraient commettre afin d'empêcher la résistance a ces projets.Des accusations de délinquance organisée sont montées de toutes piècescontre les compas en résistance de ces villages. Les aidesgouvernementales dans le cadre de programme sociaux destinés aux paysans(programme OPORTUNIDADES) sont elles aussi instrumentalisées contre larésistance sociale. Aujourd'hui, malgré la mort d'un compa de Mitzitón, les attaques arméesrépétées des groupes paramilitaires de l'OPDDIC et de l'"armée de Dieu",et l'incarcération de plusieurs d'entre eux, la résistance des villages deMitzitón, Jotolá et San Sebastián Bachajón rassemblés et coordonnés ausein de l'"Autre Campagne zapatiste", reste plus que déterminée. Les mobilisations collectives nationales et internationales ont déjàpermis de faire sortir de prison six des huit personnes arrêtées en avril2009. Les ejidatarios de San Sebastián Bachajón ont également décidé ce 26septembre de récupérer le petit poste touristique d'accès aux cascadesd'Agua Azul, occupé depuis lors par la Police fédérale préventivemexicaine et que les autorités étatiques pensaient concéder aux leadersparamilitaires Pedro Álvaro et Pascual Pérez. Mais le danger de nouvelles représailles de la part de groupesparamilitaires ou des autorités étatiques est très fort... En ce sens, unappel à la solidarité nationale et internationale est lancé de manièreURGENTE par les paysans de San Sebastián Bachajón membres de l'"AutreCampagne" zapatiste, ainsi que par les adhérents des villages de Mitzitónet Jotolá afin de : - dénoncer le climat de violence encouragé par les trois niveaux degouvernement : État fédéral, État du Chiapas et municipalités. - obtenir la libération d'Antonio et Jerónimo Gómez Saragos, originairesde Jotolá et toujours prisonniers depuis avril 2009. - soutenir les les ejidos indiens de Mitzitón, Jotolá et San SebastiánBachajón dans la défense et la récupération de leurs territoires, en vertudes accords 169 de l'OIT signés par le Mexique. - l'abandon des projets de construction de l'autoroute San Cristóbal -Palenque et du méga-centre touristique Palenque / cascades d'Agua Azul,rejetés par les communautés indiennes en résistance de la région. Nous vous invitons, entre autre, à co-signer la dénonciation suivante (quireprend en espagnol l'essentiel de ce texte) qui sera adressée auxcompañeros en lutte et aux médias indépendants et envoyée auxfonctionnaires des mauvais gouvernements impliqués dans cette histoire.

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